Le président ukrainien Zelenskiy rend visite à son homologue Macron à Paris
Emmanuel Macron a déclaré lundi qu'aucun plan de paix pour l'Ukraine n'était finalisé et a insisté sur l'importance d'impliquer Kyiv dans les négociations lors d'une rencontre à Paris avec Volodimir Zelensky, qui a rappelé que la question territoriale restait la plus difficile à résoudre.
"Il n'y a pas aujourd'hui à proprement parler un plan qui soit finalisé. Sur la question des territoires, il ne peut être finalisé que par le président Zelensky", a dit le président français, précisant que les négociations étaient encore dans une "phase préalable".
Le président ukrainien a rappelé que la question territoriale restait "la plus difficile" à résoudre. "Le plan s’améliore, les questions territoriales sur les différentes régions de l’Ukraine ont duré plus de six heures. Les pourparlers se poursuivent", a-t-il déclaré.
Le président ukrainien était reçu par son homologue français à l'Elysée, au lendemain d'une réunion entre responsables américains et ukrainiens en Floride et à l'aube d'une semaine importante pour mettre fin au conflit en Ukraine.
Les garanties de sécurité ne peuvent être négociées sans Kyiv et ses alliés européens, a souligné Emmanuel Macron.
Les dirigeants français et ukrainien se sont entretenus lundi par téléphone avec le Premier ministre britannique Keir Starmer ainsi que d'autres dirigeants européens, a précisé la présidence française. Ils ont également parlé à l'émissaire américain Steve Witkoff et au négociateur ukrainien Roustem Oumerov.
En parallèle des discussions entre les Ukrainiens et les États-Unis ainsi qu'avec leurs alliés européens, Steve Witkoff s'entretiendra mardi avec le président russe Vladimir Poutine à Moscou.
Kyiv et ses alliés ont obtenu de Washington une modification substantielle du plan de paix qui avait initialement avalisé les principales revendications russes : cession de davantage de territoires par l'Ukraine, réduction de la taille de son armée, renoncement à rejoindre l'Otan, refus du déploiement de troupes de "réassurance" occidentales une fois la paix conclue.
L'Ukraine considère que ces conditions équivaudraient à une capitulation et l'exposeraient à une nouvelle attaque de la Russie, après celles de 2014 et 2022. Mais le Kremlin a fait savoir qu'il n'entendait renoncer à aucune de ces demandes.
"ENCORE DU TRAVAIL"
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio, qui a présidé les discussions de Floride, a déclaré dimanche que Washington était "réaliste quant à la difficulté de la situation, mais optimiste, en particulier compte tenu du fait que nous avons fait des progrès".
"Il y a encore du travail à faire", a souligné lui aussi le chef de la diplomatie américaine. "Il y a beaucoup de pièces en mouvement, et il est évident qu'une autre partie est impliquée (...) qui devra faire partie de l'équation", a-t-il ajouté en évoquant le déplacement de Steve Witkoff à Moscou.
L'intensification des négociations intervient à un moment difficile pour Kyiv, qui perd du terrain sur le front tout en étant confronté au plus grand scandale de corruption de la guerre.
Andriy Yermak, le chef de cabinet de Volodimir Zelensky, qui avait également dirigé la délégation ukrainienne lors des pourparlers de paix, a démissionné vendredi après que des enquêteurs anticorruption ont perquisitionné son domicile dans le cadre de cette affaire qui a déjà entraîné le limogeage de deux ministres.
Evoquant le scandale de corruption, Donald Trump a déclaré dimanche aux journalistes à bord d'Air Force One que "l'Ukraine a de petits problèmes", tout en se disant convaincu que les deux belligérants veulent la paix et qu'un accord peut être conclu.
Interrogé sur le sujet, Emmanuel Macron a défendu la réaction prompte des autorités ukrainiennes, dressant en parallèle le constat d'une Russie autocratique où les "scandales de ce type" sont étouffés.
"Une démocratie doit s’honorer de savoir les régler avec une justice indépendante et en sachant poursuivre tous les décideurs quoi qu’il arrive", a-t-il déclaré.
La Russie n'a montré jusqu'à présent aucun signe de vouloir renoncer à ses exigences maximalistes, tandis que ses forces continuent de progresser lentement sur la ligne de front.
Au moins quatre personnes ont été tuées et 40 autres blessées par une attaque russe dans la nuit de dimanche à lundi à Dnipro, dans le centre du pays.
L'armée russe bombarde sans relâche les villes ukrainiennes, ciblant particulièrement les infrastructures énergétiques, afin de plonger le pays dans le froid et le noir à l'orée du quatrième hiver de la guerre.
De son côté, Kyiv multiplie les frappes contre les infrastructures d'exportation de pétrole de la Russie. Lundi, le Kremlin a dénoncé des attaques contre un terminal d'exportation de pétrole russe qui dessert un oléoduc en provenance du Kazakhstan, et contre deux pétroliers en mer Noire.
(Rédigé par Zhifan Liu, Benjamin Mallet et Blandine Hénault, édité par Sophie Louet)

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